LETTRE D’OPINION DE L’AGRTQ COSIGNÉE PAR UN COLLECTIF

Réinvestir dans l’habitation communautaire : une façon rentable d’être solidaire

Le montant alloué au développement du logement social et communautaire par le biais du programme AccèsLogis Québec a été amputé de 50 % lors du dernier budget provincial. Nous devrions, au contraire, réinvestir et faire de l’habitation communautaire une priorité puisqu’elle répond de manière durable à un besoin essentiel : celui de se loger convenablement à un coût accessible.

Les besoins de logements abordables et de qualité pour les citoyens à faible et modeste revenu sont extrêmement importants et présents partout au Québec. Selon l’Enquête nationale auprès des ménages de Statistique Canada menée en 2011, 479 750 ménages locataires québécois doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Près de la moitié de ceux-ci, soit 227 835 ménages, y allouent plus de 50 %. Cette réalité mène certains locataires à devoir se priver de besoins essentiels, dont celui de se nourrir, pour payer leur loyer : une situation inacceptable.

Non seulement le coût du loyer doit être accessible, mais la qualité du logement a aussi un impact sur le bien-être et la santé des locataires. À ce titre, il est d’ailleurs reconnu par la communauté scientifique que le logement est l’un des principaux déterminants de la santé. Aussi, l’accès à un milieu de vie sain offre aux personnes la stabilité et la sécurité nécessaires pour participer activement à la société en intégrant le marché du travail ou les études. Le logement est donc un enjeu de santé publique ainsi qu’un levier de développement social et économique qui réduit les inégalités.

L’opinion des Québécois va d’ailleurs en ce sens puisqu’un récent sondage mené à l’été 2015 par Léger Marketing dévoilait que 60 % des répondants estiment que le gouvernement du Québec devrait investir davantage dans l’habitation communautaire.

Les regroupements municipaux, la Communauté métropolitaine de Montréal et des centaines de municipalités à travers le Québec se sont prononcés ces dernières années pour la poursuite du programme AccèsLogis et ont réclamé son financement à long terme.

L’habitation communautaire a des retombées économiques et sociales importantes pour les municipalités où elle se développe. En plus d’être un vecteur de mixité et de cohésion sociales, la construction de logements communautaires crée des emplois, stimule l’activité économique, revitalise des quartiers et des villages et permet aux populations de demeurer dans leurs communautés, notamment en régions éloignées.

Au niveau provincial, une étude menée sur les impacts des activités de la Société d’habitation du Québec a démontré que chaque dollar investi en habitation communautaire représente 2,3 dollars en apport réel dans l’économie du Québec.

Bien plus que du logement, l’habitation communautaire permet également aux résidents et aux collectivités de prendre en charge leurs conditions d’habitation. La gestion démocratique et participative leur permet d’être au coeur des décisions concernant leur milieu de vie et de prendre part à un projet collectif où se tisse des liens et un réseau de soutien.

Pour toutes ces raisons, nous devons faire de l’habitation communautaire une priorité et y investir davantage. Celle-ci apporte une solution durable au problème du logement en créant un parc d’habitations coopératives et à but non lucratif de qualité, qui restera abordable à long terme et dont pourront bénéficier des milliers de personnes au fil des ans. Ces logements communautaires répondent à une diversité de besoins, autant auprès des aînés, des familles ou des personnes seules qu’auprès des gens en situation de vulnérabilité (problème de santé mentale, handicap physique ou intellectuel, itinérance, etc.).

Nous appelons donc collectivement, par cette prise de position publique, à un réinvestissement dans le logement social et communautaire permettant de développer au moins 3 000 nouveaux logements par année de façon récurrente. Nous croyons qu’il s’agit d’une mesure incontournable pour répondre adéquatement aux besoins des ménages à faible et modeste revenu et contribuer à réduire la pauvreté et l’exclusion sociale.

Il est grand temps de faire de la l’habitation communautaire une priorité au Québec.

Lettre d’opinion cosignée par :

Jean-Martin Aussant, Directeur général du Chantier de l’économie sociale
Daniel Boyer, Président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH)
Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH)
Regroupement des offices d`habitation du Québec (ROHQ)
Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain (FECHIMM)
Fédération des coopératives d’habitation de Québec, Chaudière-Appalaches
Marie J. Bouchard, Professeure, Département d’organisation et ressources humaines de l’UQÀM
Refuge des Jeunes de Montréal
France Desjardins, Directrice générale, Maison du Père
Matthew Pearce, Président et chef de la direction, Mission Old Brewery
Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ)
Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN)
Danis Prud’homme, Directeur général du Réseau FADOQ
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Camil Bouchard, Professeur retraité en psychologie communautaire, UQÀM
Laure Waridel, Éco-sociologue
Gérald Larose, Chercheur
Julien Villeneuve, Professeur et militant
Daniel Gill, Professeur, Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal
Sophie Caron, Comédienne
Christian Nadeau, Professeur et philosophe
Michel Seymour, Professeur et philosophe
Christian Vanasse, Humoriste et auteur
Ron Rayside, Architecte
Ainsi que plusieurs municipalités

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